Femmes Asiatiques Pisser Sur Les Hommes

Je ne voulais pas jouer les prolongations sur le délicat sujet qui nous occupe depuis deux semaines. J'y suis contrainte. La vérité scientifique est en jeu. La semaine dernière, après lecture d'un courrier aussi volumineux qu'instructif, j'admettais l'idée que dans des temps et des contrées reculés, les femmes aient pissé debout. Mais j'excluais celle d'un monde tout à fait à l'envers où les hommes pissent accroupis. Je prenais même de haut Hérodote qui décrivait ainsi les moeurs urinatoires de l'Egypte ancienne. Après une nouvelle vague de réactions, je m'incline devant la grande leçon de l'ethnologie: tout est culturel, même le naturel. Jugez plutôt. Un homme d'Eglise m'explique que philistin, dans sa racine hébraïque, signifie: celui qui pisse debout. Il paraît clair que si un peuple en désigne un autre par un tel signe distinctif, c'est que la pratique lui semble bizarroïde. Un connaisseur du Yémen me livre ses souvenirs du désert. Il est formel: les hommes s'y accroupissent pour uriner (mince alors, dans les dunes! Là où, dans mes fantasmes, pisser debout est le plus cosmique!). Normal, explique-t-il: ces mâles portent une longue robe, sans rien dessous. Ils ne vont pas se ridiculiser en la retroussant au nombril. Côté Asie, j'ai des témoignages contradictoires. Les hommes indiens pissent accroupis, disent les uns, la majorité des femmes asiatiques se soulagent debout, jure l'autre, tandis qu'un connaisseur du souscontinent se moque gentiment de ceux qui confondent, disons, les petites et les grosses obligations. Ces expériences divergentes s'expliquent probablement par la variété des tenues vestimentaires: pour l'un et l'autre sexe, porter un sarong, un shalwar kamiz ou un pagne induisent des pratiques différentes. Une chose est sûre, sous la jupe, les privilèges sont inversés: une femme, pour peu que l'ampleur du tissu lui consente d'écarter les jambes, peut pisser debout. Un homme, pas (na!). Elle peut, mais les éclaboussures partout, ce n'est pas très zazou, réfléchissais-je tout haut l'autre jour, en lisant mon courrier. C'est alors qu'a surgi le plus ébouriffant témoin de l'affaire. Si tu crois que ça les gêne! s'est-il exclamé, rigolard. Et ce collègue, sexagénaire et genevois, de me décrire sa grandmère, une vigoureuse paysanne savoyarde, pissant debout sur la place du marché, tout en continuant à vendre ses légumes. A Genève, place Grenu, au XXe siècle, pas dans l'Egypte ancienne, donc. Sous son vaste jupon elle portait, dit le petit-fils, des caleçons en drap rêche, fendus au milieu. C'était une forte femme, elle n'avait peur de rien, même pas des odeurs. C'est ce que je dis toujours aux nostalgiques du bon vieux temps: et vos narines, vous y avez pensé? Bon, allez, j'arrête avec les sujets scabreux. La semaine prochaine, je pense parler très innocemment des bonbons pour la gorge. Je viens de voir une pub épatante. Elle dit: Sucez frais!

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